Il n'y a pas de Ajar

Livre numérique

Horvilleur, Delphine. Auteur

Edité par Grasset - 2022

L’étau des obsessions identitaires, des tribalismes d’exclusion et des compétitions victimaires se resserre autour de nous. Il est vissé chaque jour par tous ceux qui défendent l’idée d’un «  purement soi », et d’une affiliation «  authentique »à la nation, l’ethnie ou la religion. Nous étouffons et pourtant, depuis des années, un homme détient, d’après l’auteure, une clé d’émancipation  : Emile Ajar. Cet homme n’existe pas… Il est une entourloupe littéraire, le nom que Romain Gary utilisait pour démontrer qu’on n’est pas que ce que l’on dit qu’on est, qu’il existe toujours une possibilité de se réinventer par la force de la fiction et la possibilité qu’offre le texte de se glisser dans la peau d’un autre. J’ai imaginéà partir de lui un monologue contre l’identité, un seul-en-scène qui s’en prend violemment à toutes les obsessions identitaires du moment.   Dans le texte, un homme (joué sur scène par une femme…) affirme qu’il est Abraham Ajar, le fils d’Emile, rejeton d’une entourloupe littéraire. Il demande ainsi au lecteur/spectateur qui lui rend visite dans une cave, le célèbre «  trou juif » de La Vie devant soi  : es-tu l’enfant de ta lignée ou celui des livres que tu as lus ?  Es-tu sûr de l’identité que tu prétends incarner  ? En s’adressant directement à un mystérieux interlocuteur, Abraham Ajar revisite l’univers de Romain Gary, mais aussi celui de la kabbale, de la Bible, de l’humour juif… ou encore les débats politiques d’aujourd’hui (nationalisme, transidentité, antisionisme, obsession du genre ou politique des identités, appropriation culturelle…).  Le texte de la pièce est précédé d'une préface Delphine Horvilleur sur Romain Gary et son œuvre. Dans chacun des livres de Gary se cachent des «  dibbouks », des fantômes qui semblent s’échapper de vieux contes yiddish, ceux d’une mère dont les rêves l’ont construit, ceux d’un père dont il invente l’identité, les revenants d’une Europe détruite et des cendres de la Shoah, ou l’injonction d’être un «  mentsch », un homme à la hauteur de l’Histoire. «  J’avais 6 ans lorsque Gary s’est suicidé, l’âge où j’apprenais à lire et àécrire. Il m’a souvent semblé, dans ma vie de lectrice puis d’écrivaine que Gary était un de mes «  dibbouks » personnels… Et que je ne cessais de redécouvrir ce qu’il a su magistralement démontrer  : l’écriture est une stratégie de survie. Seule la fiction de soi, la réinvention permanente de notre identité est capable de nous sauver. L’identité figée, celle de ceux qui ont fini de dire qui ils sont, est la mort de notre humanité. » 

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Avis

Avis des professionnels

  • Un monologue pensé pour être joué mais très agréable à lire 4/5

    On retrouve dans ce texte les sujets qui tiennent à cœur à Delphine Horvilleur : les extrémismes, le repli sur soi, ce qui fait qu'on se retrouve. A travers la figure de Romain Gary/Emile Ajar, elle nous propose une réflexion à la fois drôle et tragique sur ce qu'est l'identité dans notre société et comment on la déforme en oubliant ce qui nous unit les uns aux autres. Son style est toujours limpide et va droit au cœur.

    Alan - Le 03 octobre 2022 à 14:15