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Eurovisions
Vidéo numérique
Chaque année, en mai, le rituel est le même : une quarantaine de candidats représentant autant de pays, de l'Irlande à l'Azerbaïdjan, affûtent leurs morceaux et leurs tenues satinées.
Né il y a plus de soixante ans, le concours de l'Eurovision, retransmis en simultané sur tout le continent, reste le programme télévisé le plus regardé en Europe. Diffusé la veille de la finale 2017, à Kiev, ce documentaire nous plonge dans les coulisses de l'édition précédente, à Stockholm, où, se pressaient, entre ferveur et hystérie, des fans venus de toute l'Europe. La réalisatrice fait aussi son miel de la salle de presse, immense ruche où deux mille professionnels suivent la manifestation dans une ambiance survoltée.
Géopolitique de la pop music
Du blogueur américain déluré au journaliste allemand féru d'international… et d'Eurovision, en passant par un président de fan-club anglais fin analyste, de nombreux intervenants font partager leurs lumières sur une manifestation moins légère qu'il n'y paraît. Car si le règlement de ce concours à la philosophie fédératrice interdit tout message politique, de nombreux pays, à commencer par ceux de l'ex-bloc soviétique, s'en servent comme d'une tribune et règlent leurs comptes en musique. Lors de l'édition 2016, la sculpturale chanteuse arménienne Iveta a, par exemple, agité le drapeau du Haut-Karabagh, grand sujet de tensions entre son pays et l'Azerbaïdjan, échappant de peu à une disqualification. Chambre d'échos où s'expriment les revendications, s'émancipent les identités sexuelles et se combinent de petits arrangements entre pays, l'Eurovision tend un surprenant miroir à l'Europe, révélant ses tiraillements, mais aussi son pouvoir d'attraction et son besoin de dialogue. Une euphorisante immersion, qui, à l'aide d'archives inédites ou iconiques, retrace aussi les temps forts d'une manifestation haute en couleur, de la revanche métal des Finlandais à l'émouvante victoire de l'Autrichienne Conchita Wurst.